Sarkozy, l'Europe et la crise : que sont devenus les sommets "de la dernière chance"

Publié le par FC 94

En écoutant N. Sarkozy lundi 5 décembre, lors d'une conférence de presse à l'Elysée avec la chancelière Merkel, promettre que « l'accord franco-allemand le plus complet » va permettre de « rétablir la confiance dans l'euro et la zone euro », les Français, les Allemands et les autres Européens auront été saisis d’une impression de déjà-vu.

 

Souvenons-nous !

 

Le 16 décembre 2008, devant le Parlement européen, N. Sarkozy affirmait : « Si nous n’avions pas pris nos responsabilités, nous nous serions trouvés face à la faillite d’un certain nombre d’Etats membres».

 

Le 11 mars 2011, à l’issue d’une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, il lançait : « Ce sommet était très important. Nous avons enfin mis en place le gouvernement économique de l’Europe, comme la France l’a toujours demandé ».

 

Le 10 mai 2011, après un sommet européen, il disait : « Aujourd’hui, c’était l’heure de vérité pour la zone euro (…) Désormais, les spéculateurs devront savoir qu’ils en seront pour leurs frais ».

 

Le 27 juillet 2011, dans une lettre adressée aux parlementaires, il écrivait : « Le sommet qui s’est tenu à Bruxelles jeudi [21 juillet] a constitué une étape fondamentale. Il a d’abord permis l’adoption d’un plan global et ambitieux de soutien à la Grèce. »

 

Le 16 août 2011, à l’issue d’un sommet franco-allemand à l’Elysée, avec A. Merkel, il écrivait au président du Conseil européen : « Au cours des derniers mois, les chefs d’Etats et de Gouvernements ont pris toutes les mesures nécessaires pour préserver la stabilité de la zone euro. »

 

Le 27 octobre 2011, à l'issue du sommet de Bruxelles augmentant les moyens du Fonds européen de stabilité financière et se tournant vers la Chine pour l'abonder, il déclarait : « Nous avons adopté les éléments d’une réponse globale, d’une réponse ambitieuse, d’une réponse crédible à la crise qui traverse la zone euro. Je crois que le résultat sera accueilli avec soulagement par le monde entier qui attendait des réponses fortes ».

 

Le 5 décembre 2011, avec Mme Merkel à L'Elysée, N. Sarkozy a renchéri : « Nous voulons que les dérèglements qui ont conduit à la situation actuelle ne puissent en aucun cas se reproduire ». Il s'est prononcé pour une « règle d'or » européenne rendant obsolète celle qu'il préconisait il y a trois mois. Il s'en est remis à l'adoption d'un nouveau traité, procédure longue, complexe et inadaptée à l'urgence économique et sociale de l'Europe. Il a préconisé une Europe punitive, avec sanctions budgétaires des Etats mais sans intervention de la BCE, sans euro-bonds, sans euro-taxe sur les transactions financières. Le soir même, hélas, les notes de 15 pays de la zone euro – dont celles de la France et de l'Allemagne – étaient placées « sous surveillance négative » par Standard & Poor's...

 

M. Sarkozy peut bien faire un sommet avec Mme Merkel par mois, voire par semaine ou même par jour : tant qu'il y aura tout pour l'austérité et rien pour la croissance, l'Europe sera en danger, les marchés resteront méfiants, les peuples sans perspective d'espoir.

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